vendredi 2 janvier 2015

02-01-2015 09:54 - Procès de l'IRA : L'absence de mobile prouvée par la défense

Biram Dah Abeid et de ses compagnons passeront le premier jour de ce nouvel an en prison, à Rosso capitale duTrarza, suite à l’envoi en délibéré de leur jugement. Attendant certainement des directives d’en haut, c’est le 15 janvier 2015 que le juge va prononcer sa sentence après un procès marathon de cinq jours.

Le 31 Décembre, le procureur qui a vu son substitut qui jusque là a assuré la gestion de cette affaire politico-judiciaire, monté en grade avec le dernier conseil des ministres, (comme le juge de Nouadhibou qui a condamné le jeune forgeron pour apostasie), a pris du service pour continuer dans la même lancée à soutenir des réquisitions dont l’histoire retiendra que la justice en Mauritanie est dans un véritable maelstrom. 

Si on s’invite à une analyse de lecture des différents avocats (24 au total) qui se sont succédés à la barre dans leurs plaidoiries, l’éradication de l’impunité sous toutes ses formes, le respect de la Mauritanie de toutes les conventions sur les droits de l’homme qu’elle a ratifié, sont au yeux de tout le monde des questions urgentes à régler. 

Si la justice est pouvoir religieux dans notre pays on pourrait en douter, tel semble être le sentiment de ces robes noires qui assuraient la défense du président de le l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie) et de ces compagnons victimes d’une cabale et dont le vice-substitut du procureur (pour mériter certainement le jackpot d’un avancement finalement par la forfaiture) avait proposé manu muni tari, une sentence de cinq d’emprisonnement ferme et une amande de 100.000 UM par personne, soit un pactole de 900.000 UM. 

Jamais dans l’histoire de ce palais de justice de Rosso, un secteur judiciaire n’a été aussi secoué. Des acteurs, à l’autorité de tutelle, il y a eu un malaise, des intérêts contradictoires, une guerre sourde. Tout ce qu’il faut éviter pour un secteur aussi stratégique qui est le nœud gordien de la République a été dit. « Le procès des mis en cause ne repose sur aucun mobile » dira pendant la pause Me Aminata Mbaye.C’est le sentiment le plus partagé par l’ensemble des avocats de la défense. 

Et le pouvoir de justice a été dit haut par des avocats en verve, montrant que la liberté de chacun est assurée et prouvée, mieux que indépendance de la justice ne s’accorde pas mais s’acquiert. Le droit divin surtout a été dit au point de laisser un juge libre avec sa conscience face à Dieu, l’unique. Les robes noires vont démonter pièce par pièce, tour à tour que le réquisitoire du substitut apparait au vu de la logique des faits incriminés, plutôt comme une forme de violation délibérée des droits de Biram Dah Abeid et ses compagnons qui étaient pistés, visés pour être les seuls appréhendés d’une marche pacifique autorisée par le hakem de Boghé et refusée à neuf kilomètres par celui de Rosso

C’est à croire qu’à Rosso ne circule pas qui veut, même à neuf kilomètres de là. Car la marche de Kawtal Yellitaare a été stoppée avant de pénétrer dans la capitale duTrarza. La démarche de l’administration territoriale, couverte du voile subtil d’arguments cache mal les insuffisances notoires de son argumentaire. Mésentente entre des préfets ? Si non comment comprendre l’accord d’un premier et le refus de l’autre sans un mobile apparent ? Allez savoir ! 

Mais nous sommes au ministère de l’intérieur où l’injustice, l’arbitraire, la félonie, les renseignements généraux s’y retrouvent comme choses légales dans la vie qui rythment son fonctionnement avec une régularité d’une horloge. Personne ne s’y trompe désormais : des tours de passe-passe sémantiques de procès verbaux entachés de faux, ne parviendront à enfermer dans les oubliettes les bévues administratives de cette affaire de Kawtal-Yellitaare et de l’IRA à Rosso.

Dans cette ville, le nom « Hakem » (Préfet) a été le premier jour prononcé au moins 75 fois. Autre bévue jugée inacceptable par les avocats, c’est la signature du procès verbal par le commandant de compagnie et non le commandant de brigade. Une « immixtion » dans le cours normal d’une procédure de police qui n’avait pas besoin d’un tel asservissement. Mais il s’agit de casser du Biram Dah Abeid, alors que ne ferions-nous pour y parvenir semble indiquer une justice à deux vitesses qui a mis au grand jour que la Mauritanie n’est pas un Etat de droit. 

Rosso a vibré au rythme du refus de plier l’échine, dans les grands-places, sur face book, le message est clair : « Pouvons nous encore vivre ainsi ? ».

Amadou Diagne NIANG, envoyé spécial à Rosso
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