samedi 17 janvier 2015

16-01-2015 21:45 - Justice et droits de l’homme : Procès de Birama à Rosso. Vécu des évènements.

Le verdict du procès de Birama et de ses amis est tombé comme un couperet et moins de deux minutes. Visiblement sous tension évitant les regards, le juge a condamné le président de l’IRA, son second Brahim Ould Bilal et Djiby Sow de Kawtal Yellitaareà deux ans d’emprisonnement fermes et acquitter les six autres, avant de s’emmurer avec le procureur sous derrière une haie de policiers déjà entrainés à une protection rapprochée, visiblement prévue.

Lui est le procureur vidèrent les lieux aussi vite qu’ils étaient venus oubliant même que par le cas de Djiby Sow, que la condamnation doit être assortie d’un mandat de dépôt sinon il ne peut aller en prison et c’est ce qui dans le verdict n’a pas été fait mais, cette erreur judiciaire qui étaye tout le manque de crédibilité de l’institution, laisse de marbre des juges qui obéissent aux ordres, Diiby était libre de tout mouvement et se présentait à la barre.

C’est après le constat de la bévue qu’un officier de la gendarmerie l’a appréhendé, il était au dehors comme tout le monde. Au moment où nous quittions Rosso, il était toujours à la gendarmerie. Le verdict de Rosso a laissé une salle d’audiences entre pleurs, déception, et courroux.

Les plaidoiries de 24 avocats d’une défense qui confirmait que ce procès était politique, venaient de se heurter au dictat des militaires. Aziz n’a pas cédé un pouce à Birama son challenger et le juge de Rosso à préférer jeter aux orties les paroles du saint coran pour un poste de sinécure. Les pleurs des femmes haratines dans la salle d’audiences ont émues plus d’un pendant que des flics visiblement excédés sortaient les prévenus.

Le Tribunal de Rosso en état de siège. L’annonce de ce verdict une fois, parvenue au dehors aura été l’élément catalyseur de la vindicte populaire. Gardes, policiers, et gendarmes furent confinés dans leurs derniers retranchements dans la vaste cour du tribunal, pour une sortie interdite. 

La tension était vive et les clignotants au rouge, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, ceux qui hier courbaient l’échine ne comptent plus abdiquer et l’ont prouvé.

Trente minutes infernales pour des voitures de police qui se livraient à un véritable rallye pour trouver une porte de sortie, blessant deux membres de l’IRA qui se retrouveront à l’hôpital de même qu’un policier passé à tabac par la foule, après un sauve qui peut général, sous une volée de jet de pierres, le portail ouest céda sous la pression de la vague et le car des prévenus cerné par la foule, avant que maladroitement, une matraque ne fracasse son pare-brise. 

Comme des délits de coups et blessures volontaires et autres actes de torture et atteinte à la liberté de marcher peuvent-ils retenir des charges d’accusation semble dire la tension sociale au tribunal de Rosso, une ville où Birama à la présidentielle a battu dans plusieurs bureaux de vote son adversaire, et dans les locales et législatives, remportées par des Haratines de Rosso. Une pilule qu’Aziz a mal digérée certainement.

Le car de police secoué de toute part par des « gladiateurs » en révolte face à des « romains » en treillis n’a dû son salut qu’à une salve nourrie de grenades lacrymogène qui a dispersé les assaillants pour lui permettre une sortie à la sauvette pendant qu’hommes politiques, responsables d’ONG ,avocats et journalistes se confondaient dans une toux collective d’un hors d’œuvre servi par notre vaillante police.

La Mauritanie n’est pas un état de droit et un militaire ne sera jamais un démocrate. C’est le sentiment de plusieurs personnalités à l’image de Messoud Ould Boubacar de SOS Esclaves qui a souligné « qu’il n’y a pas une loi qui interdit la chasse aux éléphants dans mon pays, car il n’y a pas, mais il y a une loi qui interdit l’esclavage. Pourquoi ? Parce qu’il existe ».

Toujours dans la même lancée, Kane Hamidou Baba du Parti de la Réforme pour qui ce procès est politique, en citant Nelson Mandela, lâche « On peut tuer un homme, mais on ne peut tuer une idée ». M. Bâ Alassane (Balas), du parti Ar-En, Ciel un des rares partis à avoir soutenus les prévenus par des visites régulières, parle « d’une mascarade de procès ourdie par les forces du mal, qui doivent savoir que dans ce pays plus rien ne sera comme avant » et Balas d’en appeler à tous les citoyens épris de paix de justice des briser les chaines de l’arbitraire, « et libérer les hommes de défense des droits de l’homme qui sont en prison ».

La Prison de Rosso assignée par les partisans de Birama. La dérobée des liniers du tribunal aura durée le temps d’une rose pour voir la prison de la commune duTrarza prise d’assaut et faire recours à un renfort d’effectifs arrivé sous nos yeux à dix sept heures.

La foule scandant le slogan des affranchis « MJ umbrine ! » fût de nouveau dispersée par des tirs de grenades, pour la revoir revenir aussitôt. Les militants de l’IRA comptent y maintenir chaque jour un sit-in. Rosso n’oubliera pas de sitôt ce 15 janvier 2015.

Encadré 

  Procès de Birame. Les larmes d’une sœur. 

Dans la cour du tribunal après le verdict, la sœur ainée de Birama Dah Ould Abeïdqui tenait difficilement sur ses deux béquilles regardait le tohu-bohu de la tension sociale dans la cour, à ses côtés, plusieurs autres femmes les yeux rouges, confondue entre pleurs et fierté dit, « les leçons ne sont pas sues à voir les fautes répétées par nos dirigeants, ils ont enterrés la sainte religion pour ressusciter la haine de l’autre » n’arrêtant pas toujours de verser des larmes, elle fait l’effort de poursuivre en chantant cette fois suivie en chœur par les autres femmes haratines« Esclaves, esclaves, nobles, nobles !

Titres forgés par leur sens ignoble, la seule noblesse que je connais est celle qui vient du cœur et on ne l’a pas souvent quand on aspire à l’honneur, à la grandeur » .

Tenaillée par le chagrin, la sœur éplorée va inviter tous ses frères et sœurs sous les feux du désespoir de choisir d‘en finir avec une situation intenable devant un lieu qui certainement, symbolise leur désespoir, leur parloir ou leur abattoir.

Elle appelle au secours, dans un élan de désespoir en s’appuyant sur ses deux béquilles de mettre fin à tous ces cas de figures qui renvoient à un état hideux et odieux de la société dans laquelle les haratines et autres noirs ont évolué jusqu’ici sous le joug d’une minorité. 

ADN

Source-crédit : cridem.org

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