jeudi 4 septembre 2014

La différence entre "l'Appris" du superficiel et "le compris" du fond

Il me semble évident qu'on se croit presque tous avoir appris par le vécu ou en ayant atteint un certain niveau d'études. Mais je suis parmi ceux qui acceptent humblement que peu des gens peuvent réclamer d'avoir Compris le sens profond de ce qu'on a pu Apprendre à divers degrés de notre parcours d'Être doué de raison.
Par ma modeste réflexion sur les termes (Apprendre et Comprendre), j'ose catégoriser nos croyances et nos actions en fonction de ce qui relève de "l'Appris" et du "Compris".

- Les champs de "l'Appris" par apprendre la forme. 

L'Homme par son cadre initial des références, se forme et se familiarise au réel en apprenant à travers la base des données de son milieu originel. Dans ce premier processus de réalisation du soi, l'Homme est plutôt dans le "subi" qu'au "réfléchi". En effet, les premiers préjugés issus de l'imaginaire collectif qui l'entoure s'étoffent peu à peu. Il se fait conditionner à apprendre passivement l'héritage multiforme de son ascendance. Dans ce cas, la priorité est donnée au  "comment faire" et au "comment être" par rapport aux convenances primaires en vigueur, sur le "pourquoi faire" et le "pourquoi être". Ainsi les notions de la vérité et du bien se trouvent sujettes au vécu personnel et passif au détriment d'une ouverture curieuse aux possibles du réel. Ce premier tissu de conditionnement aura une influence importante sur les réflexes déterministes faisant qu'un Homme quelconque peut considérer ses références héritées comme intouchables mêmes objectivement injustes par ailleurs. Par cette logique déterministe, l'homme se croirait garant d'un patrimoine héréditaire qu'on peut appeler communément (traditions voire coutumes selon l'approche), dont il peut se montrer allergique à toute mise en cause.  Son credo serait:《je l'ai trouvé comme ça avec mes parents donc c'est du Vrai et du Bien à sauvegarder et transmettre avec fierté》.  Ainsi notre ego mal placé nous aveuglera jusqu'à masquer notre qualité d 'Être intelligent et intelligible sachant questionner autrement les choses familières et ancrées depuis plusieurs générations. Ces certitudes normatives qui font office de socle d'identité ethnique, tribale ou raciale, acceptent très difficilement d'autres voix discordantes appelant au nécessaire relativisme des choses.

"L'Appris" passif fait de l'Homme, un adepte intéressé de l'idéal d'une lignée irréprochable dans le temps et l'espace par rapport à l'autre damné par essence en Tout et Partout. Pour l'Homme, il est certes nécessaire d'hériter de son milieu social originel, mais pouvoir questionner objectivement tout ce qu'on hérite de matériel ou d'immatériel, devrait être un droit inaliénable de notre intellect. Mieux vaut comprendre les traditions et les coutumes qu'on nous lègue sur divers domaines que d'en subir sans oser les nommer et les réparer un jour.
À titre illustratif, dans certains milieux musulmans ouest-africains, la fonction du muezzin traîne toujours une image péjorative dû au statut social préislamique (esclave noir) d'un des premiers musulmans qui est BILAL (ras). Étant des sociétés esclavagistes avant l'avènement de l'islam vers 10 - 11ème siècle, les milieux religieux transposaient passivement et injustement les dispositions négatives et humiliantes sur des personnes exploitées sans droit. Ainsi ce compagnon honorable du prophète Muhammad (Psl), BILAL est porté dans l'imaginaire collectif chez certains milieux mêmes noirs comme l'esclave du prophète ayant eu comme rôle social l'appel à la prière. "L'appris" passif fait que l'appel à la prière soit dévolu à un homme au statut social similaire dans leurs réalités. Pas aucun questionnement sur le fait que Bilal soit noir comme eux et qu'ils peuvent eux mêmes être victimes du même procédé injuste et discriminant dans certains milieux arabo-musulmans. C'est à travers cette logique de suivisme balisé que les composantes noires mauritaniennes se disputent le statut de la victime légitime, chacune se croyant l'incarnation du leadership au détriment des autres. En effet, chacune par son cadre de référence, évite tout ce qui s'apparente d'injuste dans son giron communautaire tout en voulant prêcher la Justice à l'échelle nationale d'où les contradictions amères et les incohérences dans le discours politico-associatif et même intellectuel. Il n'est pas rare d'entendre un homme politique noir (soninké ou peulh) qualifier nos cousins haratines tantôt de négro-mauritaniens, d'arabo-berberes et tantôt de haratines tout court. Certains cercles soninké et peulhs se croient très marginalement concernés par la lutte anti-esclavagiste menée par nos cousins haratines contre la classe politico-religieuse très mixte par ailleurs. Encore une fois, "l'Appris" passif chez les soninké et les peulhs admet comme normal, l'esclavagisme arabo-berbère dont sa soeur jumelle serait dénommée le féodalisme chez eux. Ces deux soeurs jumelles voudraient bien s'éviter en public dans l'arène politico-politicienne mauritanienne, mais dans l'esprit l'esclavage de fait et les pratiques féodales s'articulent sur un axe principal qui est; le déterminisme de naissance faisant de certains d'entre nous des biens nés pour diriger et d'autres d'éternels subalternes par générations. Certains milieux parmi nos concitoyens arabo-berbères,  adeptes obsédés pour un nationalisme arabe exclusiviste se croient être les seuls légitimes d'incarner une identité uniforme de la Mauritanie. En effet, ils se permettent de faire un amalgame malsain entre l'islam, la langue arabe et l'identité mauritanienne. Leur "Appris" passif s'est structuré en niant d'autres références identitaires qui s'expriment et se constatent pourtant par évidence dans le pays,  mais ils les considèrent comme des intrus à bannir par toutes manoeuvres louches en empêchant toute expression officielle et institutionnelle conséquente. Leur logique est la suivante: Tout musulman est appelé à être "beaucoup Arabe" pour être "mieux Musulman" dans le temps et l'espace, ce qui est une aberration certaine mais un argument utile pour leurs prétentions politiciennes.
L'arabe est bien sûr la langue du Coran mais prétendre qu'elle soit la langue des mondes ne peut être que le fait de la politique politicienne se voulant dominatrice.
On apprend dès tout petit qu'on serait le noble et l'autre l'esclave, et que l'imaginaire collectif environnant le véhicule comme un fait culturel et cultuel admis, d'où le nécessaire travail de déconstruction en amont sous la case et la tente. Toute émergence en Mauritanie d'un éventuel État-nation de citoyens égaux en droits et en droits sur le matériel comme l'immatériel, passe par cette déconstruction d'une partie de nos sources tribalo-ethniques.

Il en est de même concernant la compréhension des enseignements religieux sur l'approche du dogme et des différentes pratiques, qui est souvent truffée d'accommodements issus de notre héritage préislamique.  La transmission s'effectue passivement par les voix dites autorisées et toute réforme appelant à la revivification en sortant de l'approche clanique et confrerique de la religion vers le juste milieu c'est-à-dire ni exagération et ni laxisme sur le culte.  Par exemple; l'homme de foi quel que soit sa pitié peut avoir raison et l'inverse aussi est à admettre, car un homme n'atteint jamais le Tout de la Vérité qui est Un Attribut Divin. Oser faire passer la Vérité d'où qu'elle vient au lieu de tout parti pris figé pour une quelconque école, pensée ou cheikh. Les esprits jeunes, ouverts et voyageurs de nos jours ont certainement besoin de la sagesse de nos vieux avertis, tout comme ces derniers eux aussi auront besoin de l'éveil revivifiant de la jeunesse intéressée. L'approche monopolatrice de la religion par clan exclusif ne semble pas être une réussite pour la Oumma à toutes les échelles, car un manque évident de sincérité chez certains religieux titrés savants à toute époque est manifeste. Des diverses interprétations douteuses du Message Divin se sont érigées en une idéologie de domination et d'endormissement de certains au profit d'autres sur plusieurs siècles.

Je conclurai que "l'appris" se limite à l'imitation de la forme des choses par l'envie égocentrique et l'habitude du superficiel, et il semble se désintéresser des détails du fond pourtant nécessaires pour donner sens au but final de l'existence d'une chose dans le temps et dans l'espace.

- Les champs du "Compris" par comprendre le fond. 

J'ose fixer le sens du "compris" par la notion rattachant à l'objectif ou la finalité de ce qu'on peut apprendre par le vécu au sein du cadre originel et par une science quelconque. Cette insertion de ce "compris" doit s'articuler sur des notions unversalistes comme, Le Bien,  La Justice, La Liberté, L'Égalité, et d'autres pouvant s'appliquer à tous les milieux avec désintéressement et sincérité.
En effet après conscientisation par le vécu initial structurant le soi, le "compris" devrait être la résultante d'un travail fait de recul et de détachement par rapport aux sources prédisposées très influentes. L'Homme n'a plus à apprendre passivement mais s'autorise à critiquer et questionner les normes établies comme intouchables même sur l'anormal. Ainsi il paraîtra le compliqué, le révolté et même le con en voulant sortir de l'ordinaire non réfléchi vers les prémices d'un esprit sincère et juste. Cet Homme incompris parce que voulant apprendre et comprendre, troublera le socle d'identification de son milieu souvent truffé des tabous et non-dits. Les longues habitudes du superficiel sacralisé par le corps social dirigeant, réagissent vigoureusement contre ce qui est vu comme une intrusion malveillante voire maléfique. Une certaine hauteur est nécessaire pour comprendre le fond de tout ce qui avait été concocté dans notre cadre originel avant notre naissance et surtout s'autoriser à un questionnement objectif par du "pourquoi faire" et "pourquoi être". Ainsi on aura une idée de ce que le groupe ethnique ou tribal admet par consentement mutuel et par les rapports de force dans la cité. Cette première quête de vérité sur le fond des choses nous prédispose pour le recul nécessaire assurant la rigueur scientifique.
La science ainsi acquise ferait du sujet, une source sincère et désintéressée dans le temps et l'espace sur le réel évolutif. Surtout en matière des relations humaines, ce réel évolutif représente un défi majeur à l'homme dit scientifique qui, en plus de la rigueur demandée, se doit d'être sensible en toute sincérité à la marche des choses par un engagement critique et réformateur. Atteindre la véracité d'un Fait est bien scientifique mais il faut s'autoriser de dire si ce Fait scientifique est un Bien ou un Mal à la lumière des valeurs universelles ( la Justice, le Bonheur, la Dignité, l'Honneur, la Fraternité, le Secours et bien d'autres) intrinsèques à L'HOMME, un Être Sujet-Objet à la fois.
Le "compris" par comprendre, vise les finalités profondes que cache l'existence même et Celui qui a Compris ne peut se limiter d'être observateur passif mais un acteur qui ose impacter le réel. Pour se faire, cet acteur doit se défaire de tout héritage déterministe et inhibitif faisant qu'il verrait 6 dans son giron originel et 9 chez les autres. C'est-à-dire, un penchant égoïste fait que ce qui peut être  injuste à dénoncer énergiquement sous d'autres cieux , peut avoir une autre coloration chez soi par une gymnastique intellectuelle qui tord les consciences. Ainsi on se refuse d'admettre que les races ne puissent pas se valoir tout en célébrant la même différenciation sur les castes sociales dans son milieu social.

"L'apprendre" passif  asservit l'Homme au suivisme perpétuel alors que "le comprendre" objectif et réformateur assainit les âmes Partout en toute Justice.

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