samedi 6 décembre 2014

Un cri osé signé Boubakar Ould Messaoud...!!!

"En milieu noir-mauritanien la contestation de l'esclavage de castes semble moins vigoureuse...Effectivement. L'unité ethnique et de couleur masque le débat. Mais je dois dire que je ne comprends pas : l'égalité n'est pas question de couleur; on la doit à tous les humains. Ce n'est pas ma couleur, ou la vôtre qui détermine nos relations ! Non! C'est plutôt la qualité morale, humaine, que vous observeriez chez moi, et vice-versa. La question que je me pose quand je découvre quelqu'un c'est «Est-ce un être humain correct, équitable, bon ?», et non pas des questionnements liés à sa couleur ou ses origines. Donc les revendications liées à la lutte contre l'esclavagisme doivent rester dans ce cadre. Ce combat ne doit pas devenir un manichéisme «noir contre blanc» ! Toutes les forces vives, politiques, morales, communautaires, intellectuelles, économiques, de bonnes intentions, et de bonnes fois, doivent y veiller."

Boubakar Ould Messaoud

"Même dans la société négro-mauritanienne. L'esclavage y est moins visible, avec une forme essentiellement de castes, mais tout aussi condamnable. Là encore, un discours d'égalité n'a pas été construit pour faire pièces au caveau où sombre la pensée féodale. Les esclaves eux-mêmes se regroupent en tant qu'esclaves et sont fiers de revendiquer ce patronyme, et prétendent demander aux autres, «nobles», leurs dûs, ce qu'on donne aux misérables : des petits cadeaux aux mariages ou baptèmes, et ils s'en orgueillissent. Cette société noire-mauritanienne encore profondèment traditionnelle, avec des intellectuels lâches, je dis bien "lâches", parce qu'ils n'évoquent pas la question, le plus souvent étant du bon côté de la barrière. Ils ont des diplômes, des doctorats, ils ont vu le monde, mais ils ne parlent pas de ce fait de castes dites «inférieures», qui gangrène leur réalité.A cause de cela, dans notre histoire récente, on constate qu'il a toujours été impossible pour un esclave de se libérer et s'émanciper dans son propre milieu. Car dans son propre milieu, tout le monde l'insulte, le montre du doigt, même ceux de sa propre caste ! «Comment !? Tu oses te rebeller contre ta condition. Qui es-tu ? Qui sont tes parents ? Qui sont tes grands-parents ? Des esclaves tous ! Et toi tu oses te rebeller !?». Voilà l'essence du discours qu'ils entendent. Pour vous dire jusqu'où va l'aliénation ! Surtout quannd on mêle le fatalisme qu'on veut nécessairement, dans tous les cas de figure, lier à la volonté d'Allah. Allah n'est pas responsable des faillites de nos actions et de nos idées. C'est bien pour cela qu'il y a un Jugement Dernier : répondre de ces actes et idées." 

Boubakar Ould Messaoud

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